mardi 23 août 2011

De France et de Navarre

Canon EOS 400D - 35/105




Olite, España, 2011








Désert des Bardenas, España, 2011






Tudela, España, 2011


Nacedero de Urederra, España, 2011

Mise à jour : Plus d'images de Tudela et sa région par ici.

Porculero



   Ces gens nus sur la plage de Zarautz donnant des bains de soleils à des parties de leur corps que la pudeur nous fait dissimuler sous des bouts de tissus synthétiques et hydrophobes, ces corps dorés et sablés des épaules jusqu'à la raie de fesses, allongés dans des positions qui évoquent l’alanguissement post-coïtal, toisent les vacanciers étrangers par l'insolence de leur démarche chaloupée. Un couple, nu, s'insinue à travers la foule luisante et humide des baigneurs. La femme, aux formes girondes, la toison de son sexe aussi broussailleuse que la barbe de son compagnon, rayonne. Ce dernier cabriole dans l'eau basse, puis, prenant par la main son amie, court vers les vagues. Ils plongent dans l'océan de concert et la dernière chose que je vois disparaître dans l'écume est le cul rebondi et charnu de la jeune femme. C'est cette dernière image dont je veux me souvenir lorsque je repense à cette semaine passée en Navarre.
   Le TGV Hendaye - Paris Montparnasse me traîne vers l'est, austère, tempéré et calme, tout en contraste avec la culture hispanique qui m'a tant séduite. Le rythme de vie étalé et nonchalant est la coutume la plus difficile à assimiler lorsqu'on arrive. C'est moins la chaleur écrasante que le soleil à son apogée qui force à se réfugier à l'intérieur, volets baissés, allongé, plus ou moins accompagné, de la fin du repas de midi — pris vers quatorze heure au mieux — jusqu'à seize heure environ. La météo annonce la température des prochains jours, vingt-deux degrés Celsius au minimum, trente-huit à l'ombre au maximum. Vale, on s'habillera un peu moins, on sortira un peu plus tard.
   À Tudela, bien que situé en pays Navarre, la culture basque est omniprésente que ce soit à travers les noms des villes en basque et castillan, les cartes des restaurants en deux langues ou encore les pinchos remplaçant allègrement les trop populaires tapas. Les pinchos se dégustent à midi, au sortir du travail. Il est de coutume d'enchaîner les bars en prenant un pincho — qu'il faut choisir parmi un choix parfois dithyrambique de toasts généreusement couverts de jambon fumé, d’œuf, de poivron ou courgette frits, de beignets d’artichauts et bien d'autres encore — accompagné d'un verre de vin ou d'une caña, un demi servi dans un verre cylindrique. La culture du bar est bien plus ancrée que chez nous. Un village aussi petit soit-il disposera d'au moins deux bistros, pour assurer le bon fonctionnement de la tradition précédemment décrite. Ainsi, pour que tout ces troquets ne mettent pas la clé sous la porte faute d'habitués assez régulier — tout particulièrement en ces temps de crise, on pratique la tournée de bars, en buvant debout et vite, quitte à prendre des demi-verres ou à laisser la fin de sa bière sur la table en partant. Lorsqu'il s'agit de manger ou de boire le vocabulaire espagnol est extrêmement compartimenté, laisse pantois et on s'y emmêle facilement les pinceaux : vermouth, almuerzo, cena, cubatas, etc. Ce qui est sûr c'est que les espagnol(e)s aiment la bouffe et la bonne ainsi que le bon vin. Ils se sont donnés, à travers des siècles de tradition gastronomique, les moyens de bien manger et bien boire. Il n'y a qu'a voir l'échoppe du Tuvinyco, une pléiade de jambon pendant, diffusant un parfum qui enchante les narines dès l'ouverture de la porte. on contourne le bateau sur lequel sont dressés les produits maritimes pour sillonner les rangées de bouteilles de vin du monde entier mais surtout, et heureusement, d’Espagne. Une petite soif pendant la visite? On vous apporte une bière fraîchement tirée, c'est pour la maison. Le choix est trop dur à faire? Rien de tel que de déguster la bouteille qui nous fait hésiter autour d'une assiette de jambon ibérique et du fromage de brebis bien piquant, pour faire le tri parmi toutes ces informations qui saturent chacun de nos sens. Accompagné de ces mets, les vins espagnols se révèlent sous leur meilleurs jour. Ils sont à l'image du peuple qui à su sublimer cette terre aride pour en extraire un nectar fort, savoureux, aux parfums capiteux, à la robe profonde et au goût chaleureux, puissant et entier. Entier de la poignée de main jusqu'au fond du regard, de la chaleur dans la voix jusqu'à cette façon de prendre son interlocuteur à partie dans une conversation, la main sur l'épaule pour lui demander des nouvelles. On sort facilement jusqu'à minuit passé même en semaine et les rue sont extrêmement animées, excepté pendant la siesta. La télévision est un autre indicateur du décalage horaire régnant en Espagne. Les premiers films du soir commencent vers vingt-deux heure trente, soit quasiment à la fin des nôtres, les matchs de foot — le football faisant office de religion en espagne, il est inconcevable de ne pas soutenir soit le Barça soit le Real, démarrent à vingt-trois heure en été.
   Dans l'atmosphère climatisée et somnolente du train, je me demande comment je vais oublier l'immensité du désert des Bardenas et son relief hors du commun, son soleil orange transperçant les nuages au couchant et venant s'écraser sur des falaises zigzaguant à travers une plaine à laquelle même les champs de blé ne parviennent pas à enlever son caractère sauvage, les jambons de Salamanca suintant sous la chaleur des soirées que les rasades de gin tonic ne parviennent pas à rafraîchir. Et les amis resté là-bas. Surtout les amis resté là-bas.

vendredi 12 août 2011

Restauration de guitare

J'ai ramnené du Chili une guitare que j'ai achetée dans la rue. C'est une guitare de la marque Chilienne Tizona, un modèle de Grand Concerto Leonardo Rodriguez Dumont de 1968. Elle était dans un assez piètre état, et avait déjà été rafistolée plusieurs fois, mais elle sonnait bien et le prix était honnête.
Vers la fin de mon séjour, la table qui avait était recollée, s'est décollée et provoquait des grésillements assez gênants. Du coup une fois ramenée en France, je me suis dit qu'il serait sympa de la retaper, c'est ma seule guitare classique et un très beau souvenir du Chili.


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On peut remarquer la forme originale de la tête et de la fin du manche près de la rosace

J'ai commencé par la poncer entièrement jusqu'à la touche, avec du papier de verre 80, 120, 240 puis 320. Toute la guitare avait été teinté, parfois peintre et vernie, ce fut un travail long, fastidieux et douloureux pour les mains. Il faut savoir que poncer la guitare notamment la table va altérer (à moins d'être un luthier expérimenté) le son de celle-ci, moi je n'avais pas grand chose à perdre...

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Le ponçage à laissé apparaître que le dos était en deux partie avec une séparation en bois clair (comme sur tout le reste des arrêtes de la caisse).

J'ai noté plusieurs essences de bois sur cette guitare :
  • un bois rosé pour le dos et le manche,
  • un bois plus clair pour les flancs,
  • un bois plus foncé pour la tête,
  • un bois plutôt jaune et très parfumé pour la table, avec des nervures très creusées,
  • la touche, elle, et dans un bois très blanc.
À l'issue du ponçage, la guitare nécessitait trois réparation majeures :
  • le recollage de la table,
  • le recollage d'une partie du dos contre un renfort à l'intérieur de la caisse,
  • le recollage d'une partie du flanc droit, qui s'était lui aussi décollé du renfort sur lequel il s'appuyait.
Je me suis donc mis au recollage a l'aide de colle à bois en appuyant bien (mais pas trop, c'est quand même fragile) avec des serres joints.
Là, il faut être patient, la colle nécessite plusieurs heures pour prendre et 24h pour sécher, mais une fois qu'on à passé le ponçage, on ne veut surtout pas gâcher tant d'efforts! Ensuite il faut poncer les excès de colle.

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Recollage de la table et du dos

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Recollage du flanc

La guitare présentait d'autres défauts plus mineurs, essentiellement esthétiques, une partie des incrustations de la rosace rebouchées avec du mastic, des trous ou creux noirci avec le temps, et le chevalet mal recollé. Mon objectif n'était pas d'obtenir une guitare flambante-neuve, j'ai gardé ces marques du temps qui donnent du cachet à la guitare; à part pour masquer la colle translucide du chevalet, j'ai donc évité le mastic et la pâte a bois.
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J'ai besoin de repère! Marquages des cases sur la tranche à l'encre de chine

Ensuite vient une étape, importante, longue, et difficile le vernissage. J'ai opté pour un vernis satiné, toujours pour ce coté "ancien" et en spray pour plus de facilité d'application.
J'ai fait cela en extérieur, la guitare accrochée, grâce à un système maison permettant au vernis de se déposer partout, la touche recouverte de papier cache. Il faut laisser le vernis sécher 30 minutes entre les couches puis poncer avec du papier de verre 600 et épousseter la guitare. J'ai mis environs 6 couches (4 bombes de vernis!).

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Vernissage de la guitare

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La touche, elle, est huilé avec de l'huile de citron

Les pièces annexes à la guitare doivent elle aussi être restaurées ou bien fabriquées.
Les mécaniques, de bonne qualité, ont été recouvertes de vernis. Je les ai décrassées avec une petite brosse métallique rotative :


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Enfin la dernière partie non moins décisive de cette guitare à été la réalisation des sillet des tête et de chevalet. Lorsque j'ai acquis la guitare les sillets étaient de vulgaire bouts de plastiques. Ceux-ci doivent normalement être très dur et optimisé pour le passage des cordes. J'ai regardé par-ci et par-là comment faire et je me suis acheté des bouts d'os brut pour les tailler moi-même.
Ce sont des opérations très délicates et toute erreur est difficilement récupérable (comme j'ai pu m'en rendre compte par la suite).
Les outils nécessaires sont une planche sur laquelle on vient fixer du papier de verre (80 et 120), une petite scie ronde (merci Jean-Yves!), et beaucoup de patience et de persévérance.

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Anciens sillets et sillets bruts

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Les outils

J'ai commencé par le sillet de chevalet, je l'ai découpé à la taille de l'ancien j'ai ajusté son épaisseur, sa forme et enfin sa hauteur pour me rapprocher un plus de  la règle de 4 mm ente le haut de la 12ème frette et le bas de la corde de Mi grave et de 3,2 mm pour le Mi aiguë. Pour le bon ponçage des pièces voir Franky, tant pour le coté technique que par la chaleur méditerranéenne qu'il peut apporter à votre atelier.

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Il faut arrondir le bord sur lequel reposent les cordes
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Il y a eu un décalage de la forme a cause de la hauteur importante du ponçage

Le sillet de tête ce n'est pas aussi facile. La guitare à une particularité étrange, sa touche bien plus épaisse du coté de la tête que du corps. Du coup j'ai eu peur que la hauteur de ma pièce d'os ne suffise pas. Le sillet de tête doit accompagner les cordes vers leurs mécanique. J'ai donc marqué les direction pour fait une ébauche de rainure :


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Les cordes faisant environ 1 mm de diamètre il ne faut pas faire une encoche plus profonde que 0,5 mm. Ensuite il faut se débrouiller pour avoir la direction des cordes sur la hauteur du sillet, et là, c'est démerdez-vous!

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À ce moment là, j'étais heureux, le sillet allait parfaitement bien, les cordes ne frisaient pas du tout. Sauf que j'ai voulu paufiner en agrandissant légèrement les encoches des cordes graves, du coup la corde de La et de Ré on touché la première frette. C'était foutu. J'ai donc récupéré des chutes du sillet de chevalet et j'en ai fait des cales (en deux parties du coup) et j'ai redescendu la pièce à encoche. J'en ai sûrement perdu en qualité sonore, e me suis explosé les doigts à poncer des cales minuscules mais j'ai une guitare qui fonctionne et qui ne frise plus.


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Mes doigt après le rattrapage aux cales

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On remarquera que la corde de Mi n'est pas encore très bien orientée et la corde de Sol est trop haute

Au final la guitare ne semble pas avoir perdu en qualité sonore, elle est vielle et à vécu, j'aime beaucoup le satiné, peut être un peu trop rugueux encore, pas facile d'en dire plus pour le moment surtout avec des cordes neuves.

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La guitare restaurée

Ça m'aura pris beaucoup de temps, quelques dizaine d'euros (environs 30 pour la pâte à bois, le papier de verre et le vernis, 12 pour l'huile de citron et les sillets), énormément de patience et quelques ampoules mais au final c'est à la porté des bricoleurs débutant!

vendredi 5 août 2011

Exercice de style



"Pachérèse

   Sur la tribune bustérieure d'un bus qui transbahutait vers un but peu bucolique des bureaucrates abutis, un burelesque funambule à la buccule loin du buste et au gibus sans buran, fit brusquement du grabuge contre un burgrave qui le bousculait : « Butor ! Il y a de l'abus ! » S’attribuant un taburet, il s'y culbuta tel un obus dans une cambuse.
   Bultérieurement, en un conciliabule, il butinait cette stibulation : « Buse ! Ce globuleux button buche mal ton burnous ! »"



"Maladroit

   Je n'ai pas l'habitude d'écrire. Je ne sais pas. J'aimerai bien écrire une tragédie ou un sonnet ou une ode, mais il y a des règles. Ça me gêne. C'est pas fait pour les amateurs. Tout ça c'est déjà bien mal écrit. Enfin. En tout cas, j'ai vu aujourd'hui quelque chose que je voudrais bien coucher par écrit. Coucher par écrit ne me semble pas bien fameux. Ça doit être une de ces expressions toutes faites qui rebutent les lecteurs qui lisent pour les éditeurs qui cherchent l'originalité qui leur paraît nécessaire dans les manuscrits que les éditeur publient lorsqu'il ont été lus par les lecteurs que rebutent les expressions toutes faites dans le genre de « coucher par écrit » qui est pourtant ce que je voudrais faire de quelque chose que j'ai vu aujourd'hui bien que je ne sois qu'un amateur que gêne les règles de la tragédie, du sonnet ou de l'ode car je n'ai pas l'habitude d'écrire. Merde, je ne sais pas comment j'ai fait mais me voilà revenu au début. Je ne vais j'amais en sortir. Tant pis. Prenons le taureau par les cornes. encore une platitude. et puis ce gars là n'avais rien d'un taureau. Tiens, elle n'est pas mauvaise celle-là. Si j'écrivais prenons le godelureau par la tresse de son chapeau de feutre mou emmanché d'un long cou, peut-être bien que ce serait original. Peut-être bien que ça me ferait connaître des messieurs de l'Académie française, du Flore et de la rue Sébastien-Bottin. Pourquoi ne ferais-je pas de progrès après tout. C'est en écrivant qu'on devient écriveron. Elle est forte celle-là. Tout de même il faut de la mesure. Le type sur la plate-forme de l'autobus il en manquait quand il s'est mis à engueuler son voisin sous prétexte que ce dernier lui marchait sur les pieds chaque fois qu'il se tassait pour laisser monter ou descendre des voyageurs. D'autant plus qu'après avoir protesté comme cela, il est allé vite s'asseoir dès qu'il a vu une place libre à l'intérieur comme s'il craignait les coups. Tiens j'ai déjà raconté la moitié de mon histoire. Je me demande comment j'ai fait. C'est tout de même agréable d'écrire. Mais il reste le plus difficile. Le plus calé. La transition. D'autant plus qu'il n'y a pas de transition. Je préfère m'arrêter."

Raymond Quenau

mercredi 13 juillet 2011

Bal'Ouf à Épinal bouge l'été

Après Karpatt il y a quelques années de ça déjà, Samarabalouf où je n'avait pas pris mon appareil photo, François Petit est de retour à Épinal à l'occasion du festival Épinal Bouge l'Été avec sa formation Bal'Ouf.

 Canon EOS 400D - 35/105


Les peuples créatifs





Je rebondis sur un article très intéressant lu sur OWNI pour parler des Creative Commons. Depuis peu toutes mes photos postées sur mon Flickr le sont sous la licence CC BY-NC-SA, ce qui signifie que tout à chacun peu réutiliser mes photos à partir du moment où elles sont utilisées dans un but non lucratif, que je suis crédité, et que les œuvres créées sont publiées sous cette même licence CC BY-NC-SA. La plupart des personnes qui comme moi ne vivent pas de leur photos et ne pensent pas le faire un jour n'ont que faire d'un copyright corporatiste et très limitant d'un point de vu créatif. Car le copyright est malheureusement le choix par défaut de nombreuses plate-formes de publication, comme Flickr.
Au delà du point de vue de la publication de photos, ou d'images, le copyright est aussi très limitant pour l'utilisateur d'images provenant d'internet, comme nous le sommes tous, pour un exposé, pour le travail, pour son blog, ou pour la notice d'un jeu... en gros on a déjà tous utilisé des images piochées dans Google Image sans se soucier de savoir si elles étaient protégées, tout comme leur auteurs ne se sont pas forcément posé la question si leur protection (le copyright) était nécessaire (si tenté qu'ils en soient au courant).
Voilà, je referme la parenthèse technologico-juridique, et vous laisse voguer à travers les images (libres ou presque) de ce blog.

PS : Pour plus d'info à propos des CC et de la création, un e-book intéressant et gratuit.