polïroad

Robotique

"Les hommes sont des robots entre les mains des femmes."

Henry Miller, à propos d'Anaïs Nin, entendu à la radio

Été 2013

L'écume des jours

"Il reste debout pendant quelques instants, s'étonna de l'énormité des sommes qu’il avait dû engager pour donner à Chloé ce qu'il jugeait digne d'elle et sourit en pensant à Chloé décoiffée, le matin, dans le lit, à la forme du drap sur son corps étendu et à la couleur d’ambre de sa peau lorsqu'il s'astreignit brusquement à penser au coffre parce que ce n'étais pas le moment de penser à ces choses là."

Parce qu'on devrait toujours se relire un Boris Vian de temps en temps...

L'autre

 
 Stylo bille, 2013

My Baby left me

"Crever c'est comme baiser, c'est pas parce qu'on en a envie qu'il faut le faire tout de suite"

Daniel Darc

Poème

Maudit manège

"Je ne suis pas un type que le bonheur rend triste, à ce qu'il paraît, mais qu'on ne s'y méprenne pas, les merde ne me rendent pas joyeux."

"D'une manière générale, je m'en voulais de laisser le monde me toucher, me distraire, m'accaparer avec toutes ses imbécillités, ses faux plaisirs, son étalage grossier. S'enchaîner au lieu de se libérer, voilà à quoi ils se réduisent. Je ne me suis versé un verre parce que cette constatation me rendais malade. Mais ça m'a pas remonté le moral, au contraire. Tu ne prends pas ton élan, je me disais, tu te remplis les poches de pierres. Est-ce que tu as médité aujourd'hui? Est-ce que tu t'es recueilli? T'es tu mis à genoux devant la beauté? As-tu éprouvé une quelconque émotion spirituelle? Dis-moi si tu connais une autre réalité, sors dans la rue et dis-moi si tu trouve une seule chose qui vaille la peine. C'est tellement simple tellement évident l'humanité est en train de basculer dans l’abrutissement général, qu'y a t-il de plus facile à voir? Es-tu décidé à te laisser faire? Vas-tu continuer à gaspiller ton temps en lisant le journal, en écoutant la radio, en t'installant devant la télé? Vas-tu enfin te débarrasser de tout ça? Et te préoccuper de ton salut? Ou bien préfèreras-tu creuser ta tombe comme le dernier des attardé et baver devant les vitrines du monde comme le dernier des glands? Aiguise ton esprit au lieu de t’émousser je me répétais, tourne toi vers les joies immatérielles."

"J'étais naze, bien entendu je ne l'ai pas baisée, je ne suis pas sans arrêt en train de penser à ce genre de choses et je me trouvais bien là où j'étais, je n'aurais pas été mieux entre ses jambes. Je n'avais pas envie de parler et elle restais silencieuse. Je n'avais pas envie de bouger et elle restait immobile. Je lui ai ramené un mèche derrière l'oreille et elle m'a pris la main. Dans l'autre j'avais mon verre. Malheureusement j'ai bien peur de ne pas avoir la chance de mourir dans un moment pareil. Mais ça ne fais rien."

Philippe Djan

Les Bêtes du Sud Sauvage

Je ne pensais pas qu'il était possible de pleurer à cause de la beauté. De la tristesse oui, et il y en a dans ce film mais pas de la beauté. Pourtant c'est de cela qu'il s'agit. Des cadrages qui feraient frémir le moindre photographe, des textes si beaux qu'ils enterreraient tout les poètes. La lumière douce et caressante du bayou, la dureté des hommes et de la vie, porté par des acteurs qui ne l'étaient peut-être pas avant ce film. On hésite toujours avant de se faire tronçonner le cœur en petits morceaux, mais comme à la fin d'un bon livre, on voudrait que ça continue.

The Beast of the Southern Wild, Benh Zeitlin, 8/9/2013

La slackline "primitive"

Slackline en Valparaiso, Chile, 2010

La slackline constitue depuis quelques années une activité estivale que j'apprécie particulièrement. Cela consiste à tendre une sangle entre deux arbres, poteaux ou autres points d'ancrage naturel ou non et de marcher dessus. Une fois cette pratique maîtrisée (cela occupe déjà quelques heures), on peut, au choix et de façon combiné, apprendre des figures (demi-tour, position du surfeur, saut et autre singeries), augmenter longueur de la ligne, plus c'est long, plus il y a de sensation, ou augmenter la hauteur de la ligne, mais là ça peut vite devenir dangereux.

Slackline Gibbon Travel

J'ai commencé avec un kit Gibbon assez pratique, car peu encombrant et léger. Il est constituée d'une sangle avec une boucle et d'un tendeur à cliquet avec une boucle. Ce système a plusieurs point faibles :

• le tendeur est assez fragile (j'ai du remplacer le mien après quelques heure, mais cela venait peut-être d'un défaut de fabrication...)
• le tendeur et les boucles pincent la sangle, ce qui l'endommage
• on ne peut pas se fixer sur des arbres trop gros
• le kit n'est pas vraiment améliorable, en gros, si tu veux tirer une ligne plus longue, il faut acheter un nouveau kit...

Sangle endommagée par pincement

Voulant essayer de marcher sur une slackline plus longue, j'ai opté pour un montage dit "primitif", où "Ellington" (du nom d'un des précurseur de la discipline), ou encore "4 mousquetons". Comme son sobriquet l'indique, c'est la technique originelle de montage d'une slackline. Elle a pour avantage d'être :

• flexible (chaque partie peut être échangée indépendamment et à bas coût si elle été détérioré ou trop courte)
• économique, cela coûte moins cher qu'un kit tout fait (particulièrement avec tendeur)
• relativement légère (si vous avez la longueur de sangle adaptée à la longueur de ligne qui vous souhaitez pratiquer)

Je me suis aidé du site américain NWslackline.org, très complet et donnant beaucoup d'indications techniques, de tests, voire même de calculs (comme on peut l'en entendre dire dans une des vidéos "life comes with no garantie"...), particulièrement important quand on commence à tendre des lignes sur de grandes distances où très haut...

Slackline primive

Suivant les indications ce billet, je me suis acheté 4 mousquetons, 2 anneaux d'acier soudés (il est très dur de trouver des rappel ring ou des descent ring en France, me semble-t-il) et 40m de sangle tubulaire de 25mm. J'ai fait mes emplettes sur ce site, on y trouve tout, et en plus ils sont généreux sur la sangle (j'ai compté plus de 50m dans mon colis).

J'ai découpé deux fois 6m de sangle que j'ai noué avec un nœud de sangle, pour obtenir deux boucles afin de se fixer aux arbres .

Ensuite il suffit de suivre ces explications en images où celles-là en vidéo.

Fixation avec anneau (remplace un nœud, meilleur pour la sangle, mais il faut éviter d'avoir la soudure sous la sangle

Le verrouillage se fait uniquement par démultiplication des effort et frottement et pincement de la sangle

La sensation est très agréable, bien que la sangle (25mm) soit moins large que sur le kit Gibbon (50mm). Il faut juste noter qu'il faudra retendre plusieurs fois au début, jusqu’à ce que les "attaches" soient bien tendues (tout particulièrement si elle font plusieurs tours autour de l'arbre), et la tension possible à la force d'un seul individu sera plus faible qu'avec un tendeur, il faudra donc la fixer plus haut. Pour ma part je la mets à hauteur de hanche, la sangle reste très détendue donc elle peut être baissée à la main pour monter dessus. Ainsi je la tends facilement sur une quinzaine de mètres.

Slackline primitive de 15m de long, remarquez la protection sur l'arbre. Du carton ou une serviette éponge fait l'affaire. Les coupures sur un arbre peuvent transmettre des maladies et mener à son abatage.

J'ai cependant voulu voir jusqu'à quelle distance je pouvais la tendre seul. Je me suis donc rabattu sur le terrain de foot de mon village, où la clôture périphérique me permet d'essayer une plage de longueurs assez intéressantes. Après avoir passé une matinée à essayer 35m, puis 25m, je me suis rendu à l'évidence : au vu des marques sur mes épaules, il me serait très difficile de tendre une ligne au delà de 20m à la seule force de mes bras (les courbatures le lendemain me l'ont aussi fait comprendre). Notons que la hauteur des poteaux est fixe (environ 1,10m), ce qui constitue un facteur limitant.

Matériel pour la traction de la slackline

Je me suis donc procuré trois mousquetons supplémentaires (astuces : les mousquetons en dégaine sont parfois moins cher que les même à l'unité), deux poulies et 4m de corde, en suivant ce tutoriel, toujours sur NWslackline.org. La fixation de la sangle et de la corde se fait avec un nœud de Prusik.

Système de traction

J'ai fini (non sans effort et ampoules) par réussir à tendre la ligne sur 30m, au point le plus bas je frôlais l'herbe (les poteaux sont trop bas). La traversée s'est passé sans trop d'encombres, la difficulté tien dans la concentration et les épaules qui pâtissent de garder les bras levés, particulièrement après l'effort de la fixation successive de plusieurs lignes.

Slackline tendue sur 30m 

Les poteaux ploient légèrement sous l'effort...

Mes doigts, ceux de la main qui ne tirait pas sur le mousqueton...

Conclusions et remarques: 

•  Bien penser à démonter les poulies avant de démonter la slackline, cela évitera de se prendre un coup de mousqueton dans la figure (ne pas perdre de vue que les forces mises en jeu sont très fortes) et devoir couper une attache pour démonter...
• Les mousquetons en D (les ovales étant plus rares) ne déséquilibrent pas le montage de la slackline, ils sont en effet conçu pour les efforts s'alignent sur leur partie droite.
• La tension de la slackline commence à être problématique au delà de 20m. Même avec le système à poulies, il faudra élever la hauteur de la ligne à 1,30m (celle-ci descendra facilement pour grimper dessus).
•  La tension de la sangle tubulaire est plus importante, elle se fait plus sentir sur la plante des pied mais elle reste confortable même très détendue, comparée à la sangle plate (Gibbon) plus élastique et donc plus difficile à contrôler particulièrement lorsqu'elle est peu tendue. 
• Si j'envisage d'acheter une sangle plus courte (moins encombrante) je sais que ma grande sangle (40m) n'est pas perdue dans le cas ou je voudrais investir dans des systèmes de tension plus sophistiqué.
• En gros il faut prévoir 10% de longueur de sangle supplémentaire pour la tension de la ligne (hors attaches)

Les pieds de Thomas, Allemagne, 2010

Indecision

 

"«I don't have very large breasts» she said philosiphically.
«No, but you've got the ass. And the face. It's pretty much the face that's really the thing. And the brain. Behind the face. But the ass is a factor.»"

Benjamin Kunkel

fait d'hiver

37°2 le matin

"—J'ai confiance, elle a murmuré. On est encore jeune, toi et moi on va s'en tirer.
J'ai pas compris ce qu'elle avait voulu dire. On s'est embrassé longuement. S'il fallait essayer de comprendre tout ce qui se passe dans la tête d'une fille, on en finirait pas. Et puis je voulais juste continuer à l'embrasser dans le noir et lui caresser les fesses aussi longtemps que sa vessie tiendrait le coup."

Philippe Djan

Hybridation

Hybridation est le nouveau projet du vidéaste de skateboard Fred Mortagne. "French Fred" s'est fait remarquer par les la vidéo Menikmati (éS), puis Sorry (Flip), puis toutes les vidéos de la marque lyonnaise Cliché. Ses films se sont toujours démarqué par une originalité aussi bien en terme de prise de vue, de lieux filmés et de concepts (on se souviendra des part divisée par villes et non par skateur dans Bon Appétit!), mais aussi  par le choix de la musique. Je dois avoué avoir téléchargé individuellement tous les morceau de ses vidéos sur émule (ça remonte...) et constitué mes bande originales. A l'époque je ne savais ni qui était David Bowie, ni qui étaient le Velvet Underground, mais je pense toujours à la part mélangé et psychédélique d'Arto Saari/Tom Penny dans Sorry en réécoutant Venus in Fur et Rock & Roll Suicide.
Il y a quelque années, en 2006 il me semble, on a pu le voir publié dans Réponses Photo, quelques photos argentiques prise à Lyon en noir et blanc avec un grain épais, mettant en scène des skateur, mais pas toujours du skateboard, qui ont remporté un concours organisé par le magazine.
Dans Hybridation, donc, il fait le lien entre la photo et la vidéo, en filmant en plant fixe avec de légers travelling, en choisissant des cadrages et des points de vue propres à la photo. La bande son est taillée sur mesure par Mount Analogue, un side project de membre du groupe lyonnais Coming Soon.

Nexus

"Y avait-il une autre taule au monde, me demandais-je souvent, où ce trouble permanent, cet enfer des émotions, ces désolant conciliabules avaient toujours l'amour pour sujet et s'achevaient inévitablement sur une note dissonante?"

"C'est drôle comme les choses arrivent parfois. On a beau jurer et prier, bégayer et pleurnicher, rien n'arrive. Et puis, juste quand on accepte l’inévitable, une trappe s'ouvre, Saturne change de secteur, et le problème majeur disparaît comme comme par enchantement."

"Et me voila, trottant comme un chien policier pour trouver de l'argent, dans l'espoir que Stasia ficherait le camps. J'avais déjà fait trois hôpitaux pour essayer de donner mon sang. Le sang humain était à vingt-cinq dollars le demi litre maintenant. Il n'y avait pas si longtemps il était encore à cinquante dollars, mais il y avait trop de donneurs affamés."

"Maintenant j'avais plus qu'un désir : échapper à l'ennui pendant quelques heures, trouver quelques heures d'oubli à bon compte. Je ne craignait guère de retomber amoureux, ni même de faire une touche, quoique je fusse pas mal privé de ce côté là. J'avais tout simplement besoin de me sentir dans le peau d'un type ordinaire, de me laisser emporter dans le courant d'un humanité médiocre, de barboter dans les flaques de lumière glauque et de me frotter contre les chairs exaltant une odeur de sueur et de parfum vulgaire."

"—Bon Dieu, qu'est-ce que ça pouvait bien me faire que tu n’aies pas terminé tes études? Je n'ai aucun respect pour l'instruction, tu le sais bien. C'est de la connerie, toutes ces histoires de grammaire et de rhétorique. Moins tu en sais la-dessus mieux ça vaut.
Surtout si tu es écrivain."

Henry Miller